Vers la sérénité, Henri Michaux
Vers la sérénité, Henri Michaux lu par Cécile Cavillac Vers la sérénité Celui qui naccepte pas ce monde ny bâtit pas de maison. Sil a froid, cest sans avoir froid. Il a chaud sans chaleur. Sil abat des bouleaux, cest comme sil nabattait rien. Mais les bouleaux sont là, par terre et il reçoit largent convenu, ou bien il ne reçoit que des coups. Il reçoit les coups comme un don sans signification, et il repart sans sétonner. Il boit leau sans avoir soif. Il senfonce dans le roc sans se trouver mal. La jambe cassée, sous un camion, il garde son air habituel et songe à la paix, à la paix, à la paix si difficile à obtenir, si difficile à garder, à la paix. Sans être jamais sorti, le monde lui est familier. Il connaît bien la mer. La mer est constamment sous lui, une mer sans eau, mais non pas sans vagues, mais non pas sans étendue. Il connaît bien les
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