Le Chant des ouvriers
Pierre Dupont 1846 Nous dont la lampe, le matin, Au clairon du coq se rallume, Nous tous qu un salaire incertain Ramène avant l aube à l enclume, Nous qui, des bras, des pieds, des mains, De tout notre corps luttons sans cesse, Sans abriter nos lendemains Contre le froid et la vieillesse. Aimonsnous, et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde Que le canon se taise ou gronde Buvons Buvons Buvons A l indépendance du monde Quel fruit tironsnous des labeurs Qui courbent nos maigres échines Où vont les flots de nos sueurs Nous ne sommes que des machines. Nos Babels montent jusqu au ciel, La terre nous doit ces merveilles : Dès qu elles ont fini le miel, Le maître chasse les abeilles. Aimonsnous, et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde Que le canon se taise ou gronde Buvons Buvons Buvons A l indépendance du monde A chaque fois que par torrents Notre sang coule sur le monde, C est toujours pour quelque tyran Que cette rosée est
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