LHéotontimorouménos, Charles Baudelaire
Charles Baudelaire, L Héautontimorouménos lu par Daniel Mesguich A J. G. F. Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher Et je ferai de ta paupière, Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance. Mon désir gonflé d espérance Sur tes pleurs salés nagera Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon coeur qu ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge Ne suisje pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord Elle est dans ma voix, la criarde C est tout mon sang, ce poison noir Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde. Je suis la plaie et le couteau Je suis le soufflet et la joue Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau Je suis de mon coeur le vampire, Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire
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